Une drogue est un composé chimique ou biochimique capable d'altérer une ou plusieurs activités intraneuronales et/ou de perturber les communications interneuronales. L'homme a reconnu le pouvoir des drogues très tôt dans son histoire et a consommé celles-ci depuis lors afin de modifier ses fonctions physiologiques ou psychiques, ses réactions physiologiques et ses états de conscience.
Certaines drogues peuvent engendrer une dépendance physique ou psychologique. L'usage de celles-ci peut avoir pour conséquences des perturbations physiques ou mentales.
Le terme « drogue » recouvre essentiellement deux aspects : la nature des effets biologiques que la drogue induit d'une part, et d'autre part les rapports que celui qui la consomme entretient avec elle. Il faut qu'un composé chimique donné soit consommé pour qu'il puisse répondre à l'appellation de « drogue ». C'est le mode et la fréquence de consommation qui créé l'accoutumance ou la dépendance au produit. On peut donc penser que c'est le consommateur (à travers ses modes de consommation), plus que le produit qui détermine quelle substance sera, pour lui, une drogue.
Un système de régulation de la production, du commerce et de la consommation des drogues a été mis en place au cours du XXe siècle. Les règles édictées par les États tiennent compte des implications politiques, sociales et sanitaires de la consommation de drogues et déterminent la réglementation de leur usage ou leur interdiction. Une politique de prohibition plus ou moins généralisée a également été mise en place pour les produits stupéfiants. La législation mise en place permet donc elle aussi de préciser la notion de drogue. Étymologie:
L'étymologie du terme est imprécise. Pour la plupart des ouvrages modernes, le terme « drogue » provient du terme flamand « droog » (matière sèche)[2]. Pour Claude Saumaise et Gilles Ménage ce mot dérive de « droga » fait à partir du persan « droa » (odeur aromatique). Certains pensent que ce mot pourrait venir aussi de l'hébreu « rakab » (parfum)[3] ou de l'arabe « drâwa » (balle de blé). En 1752, dans le dictionnaire de Trévoux, le terme drogue est défini comme « un terme général de marchandise d'épicerie de toute sorte de nature, et surtout des pays éloignées, lesquelles servent à la médecine, aux teintures et aux artisans ». Selon, ce dictionnaire le terme désigne aussi « des choses de peu de valeurs qu'on veut mettre en commerce ». Les drogues étaient donc des matières premières (plantes exotiques, c?est-à-dire épices, produits pharmaceutiques ou autres) mises en ventes par les herboristeries et les drogueries. Pour l'Académie Nationale de Pharmacie, une drogue est tout produit ayant quelque propriété médicamenteuse, employé à l'état brut, tel qu'il existe dans la nature, ou après des opérations matérielles qui n'exigent aucune connaissance pharmaceutique. Selon l'origine de la drogue, il sera question de drogue végétale ou de drogue animale. Dans la suite de cet article, ne sera développée que l'acception plus récente du terme "drogue" et qui ne concerne que les effets psychotropes d'une substance. Quelles notions sont recouvertes par le terme « drogue » ?
L'usage du terme « drogue » peut prêter à confusion car il relève d'une sémantique multiple. La prise en compte de plusieurs paramètres permet de mieux cerner la notion de drogue. Pour Pierre-Arnaud Chouvy, « la drogue est tout d'abord un produit d'origine animale, végétale ou synthétique, qui, introduit dans l'organisme par quelque moyen que ce soit, a sur celui-ci des effets biodynamiques, et qui peut, dans certains cas, créer une accoutumance plus ou moins grave ».
La notion de drogue, en plus d'être caractérisée par des éléments biochimiques, est également caractérisée par la législation internationale sur les stupéfiants. La première convention internationale sur le sujet s'est tenue en 1909 à Shanghai et concernait surtout l'opium et ses dérivés. De nombreuses conférences internationales se sont tenues (conventions internationales de 1961, 1971 et 1988), et ont permis de réguler la production, le commerce et la consommation des produits définis comme « stupéfiants ». Cependant, les contours du terme restent flous, puisque la nature de l'emploi d'une même substance peut déterminer son caractère licite ou illicite.
Le terme « drogue » recouvre donc plusieurs aspects : la nature des effets biologiques que la drogue induit d'une part, et d'autre part les rapports que celui qui la consomme entretient avec elle. Il faut qu'un composé chimique donné soit consommé pour qu'il puisse répondre à l'appellation de « drogue ». C'est le mode et la fréquence de consommation qui créé l'accoutumance ou la dépendance au produit. On peut donc penser que c'est le consommateur (à travers ses modes de consommation), plus que le produit qui détermine quelle substance sera, pour lui, une drogue. Un troisième élément permettant de définir une drogue sont les normes imposées par une société donnée. Ces trois éléments permettent d'appréhender la drogue comme un phénomène de société.
On constate grâce à ces éléments qu'un même produit peut occuper des places différentes dans des systèmes de valeurs et de modes de vie différents. En conséquence, le même produit peut devenir une panacée ou un fléau pour une société. Le cas de la coca permet d'illustrer ce propos : elle représente une menace pour les États-Unis, alors qu'elle symbolise l'identité culturelle bolivienne pour les boliviens.
Cette différence d'approche d'un même produit est liée à la notion de tolérance socio-culturelle, selon laquelle dans un pays où une substance est produite, un état d'équilibre relatif s'installe entre cette substance et les usagers où elle est intégrée dans un rituel social, mystique ou religieux. Ce rituel s'accompagne d'une tradition de l'usage du produit véhiculant des prescriptions d'utilisation, les quantités à utiliser, les dangers relatif à l'usage.
Au vu de ces éléments anthropologiques, il est donc nécessaire de prêter attention aux divers systèmes de valeurs dans lesquels sont intégrés les produits psychoactifs. Chouvy pense que les différentes utilisations et perceptions des drogues sont caractérisées par des recours à des références à la tradition et à la modernité qui peuvent être contradictoires. Tradition et modernité désignent ici des mouvements historiques ; ce qui impose également de faire preuve d'un relativisme historique quand on souhaite traiter des problématiques liées à la drogue. Ce relativisme historique est aussi important que le relativisme culturel évoqué plus haut. Il existe de nombreuses classifications des drogues. Ces classifications ont été établies au cours du XXe siècle en prenant en compte leurs effets, leur famille pharmacologique, leur activité sur le système nerveux, leur dangerosité (en fonction de la dépendance physique, psychique et de l'accoutumance), leurs implications sociales ou leur statut juridique.
En fonction des facteurs pris en compte, on verra donc certains produits réglementés et ayant une action psychotrope (alcool, tabac ou médicaments psychotropes par exemple) peuvent être considérés ou pas comme étant des drogues.
Aux Pays-Bas, en 1972, le rapport Baan définit les drogues en terme de potentialité d'un risque d'usage et non en terme de nocivité d'une substance. Cette définition est considérée comme l'élément fondateur de la politique hollandaise en matière de drogue considérant qu'un produit n'est pas par nature une drogue mais peut le devenir de par son usage.
Une liste de critères est établie pour juger des effets positifs et négatifs de l?usage du produit pour l?usager et pour la société afin de déterminer un risque acceptable :
1. les propriétés pharmacologiques du produit (existence ou non de tolérance) ;
1. le mode de consommation (ingestion, injection, inhalation) ;
2. la fréquence d'usage ;
3. la personnalité de l'usager ;
2. la possibilité de fractionner les doses ;
3. le groupe d'usagers (âge, situation sociale) ;
4. les risques de danger pour autrui (travail, conduite automobile) ;
5. la possibilité de réglementer la production et de normaliser l'usage ;
6. la possibilité d'évaluer l'usage (dosage dans le sang, les urines, etc.).
C'est cette notion de risque acceptable qui est considérée comme à l'origine de la différenciation drogue douce/drogue dure. Les drogues douces qui présenteraient un risque acceptable étant moins pénalisées que celles présentant un risque inacceptable.
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